On connaissait Annliz Bonin, alias anXiogène, pour son travail photographique sur le corps, et notamment Golem, sa participation à Nördik Impakt. On était donc curieux de découvrir, mardi, cette carte blanche « Corps Matière », proposition inédite de performances en « body art ». Et on n’était pas les seuls. Un public très mélangé, complètement mixte et de 16 à 77 ans, a fait le détour par le Cargö pour découvrir une succession de six performances, très différentes, autour de la nudité.
Le rideau du club s’est d’abord ouvert sur trois corps nus et immobile, recouverts par une seconde peau invisible dont ils se sont peu à peu débarassés. Musique électro, éclairage esthétique et manipulation du latex enduisant les corps ; autant d’éléments donnant tout sons sens à la nudité et à la symbolique de la mue.
Changement de salle et de décor pour une installation de toute beauté (Danaïde) : une femme nue devant une pyramide inversée, transparente, remplie d’eau poissonneuse s’écoulant au goutte à goutte, sonorisée, dans un second récipient. L’occasion pour le public, très concentré sur les mouvements de la performeuse récupérant l’eau écoulée avec ses cheveux, de faire l’expérience du temps et du mouvement perpétuel.
Enfin, il faut parler de Rituel III – Protection, performance centrale de l’artiste Gaël L., écrivant des pensées négatives sur le corps d’une femme aux yeux bandés, progressivement dénudée puis lavée par le public. Dispositif complexe entre le spectacle de cette femme manipulée en live et la retransmission vidéo agrandie des mots en train de s’écrire sur le corps. Entre les rituels magiques et l’univers de Greeneway dans le cultissime The Pillow Book.
Bref, du jamais vu dans le paysage culturel caennais de ces dernières années… Ça vallait le détour !